Son regard vitreux
M'observe d'une façon que je ne connais que trop maintenant
Tordue, torve, écœurante, sa bouche s'étire en rictus
Cet homme, ou plutôt devrais-je dire ce sous-homme
S'avance vers moi, l'envie inassouvie se lisant sur ses traits
Ses énormes mains, rudes, froides attrapent mes bras
Mes bras si délicats, promis a mon si cher prince
Soulevée du sol, projetée contre un mur
Voilà le sort réservé à une princesse ?
Mes compagnes dans cette triste aventure m'observent
La pitié se lit sur leurs yeux
Qui sont elles ?
Quelles sont leurs histoires ?
Princesses ? Reines ? Paysannes ?
Toutes anonymes aujourd'hui
Coincées dans une pièce sombre
A la merci d'un tyran à dont l'on ne réfute pas les décisions
Les mains de ce monstre m'immobilisent
Et malhabilement, il cherche la terre promise
Avec toute la dignité dont je suis encore capable, je me redresse
Et lui crache sèchement à la figure
Je n'ai de toute façon plus rien à perdre
Un dernier regard a celles qui furent mes amies
Le temps de quelques jours
Le temps de quelques nuits
Et je m'en vais
A jamais
Car aucune n'est jamais revenue.
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